Une femme est à son clavecin; un homme est là qui l’observe ; elle ne le voit pas, ne le distingue pas, ne le perçoit pas – tout juste peut-être un trouble au fond d’elle ? Cet homme invisible et muet sait qu’un mur impalpable le sépare de la femme admirée. Sa musique l’attire ; le temps, la mort, un sortilège peut-être l’en séparent. Comment, par-delà de tels obstacles, engager une conversation? Quand le langage du corps aussi bien que des mots vous est refusé, dans quelle force secrète aller puiser pour… briser la glace ?
Le Miroir de Cagliostro est un tour de prestidigitation fascinant : le magicien joue avec l’objet comme s’il ouvrait sur une dimension insoupçonnée. Sous ses mains expertes, les objets qu’il manipule semblent s’enfoncer et disparaître dans la surface argentée du miroir – ou, au contraire, en sortir. La légende veut que l’étrange Cagliostro, qui fascina tant la cour de France à la fin du XVIIIeme siècle, ait donné son nom au tour parce que lui-même prétendait matérialiser d’impalpables esprits dans le tain trouble des glaces…
Ce tour – lui-même exécuté au cours du spectacle – en est aussi la métaphore. Le personnage interprété par le magicien Carmelo Cacciato souhaite ardemment partager l’intimité de cette femme inconnue dont la musique l’a ensorcelé – au point de l’obliger à franchir le miroir d’on ne sait quel monde ou quel temps (et qu’importe !). L’enchantement musical lui suggère un langage approprié, en résonance exacte, intime et profonde avec celui déployé par la claveciniste Armelle Roux. C’est celui d’au-delà du miroir, irréductible à la raison, impalpable, gracieux, stupéfiant : celui de la magie…
Comment la jeune femme commence-t-elle à percevoir l’existence de l’invisible admirateur ? Par quels artifices celui-ci parvient-il à nouer le premier contact ? Qu’est-ce qu’une présence ? Qu’est-ce qu’une absence ? Une complicité ? Un trouble ? M’aimerez-vous aveuglément ?
En 10 tableaux absolument muets, les deux protagonistes, chacun par le biais de leur art – la magie, la musique – déploient tous les fastes d’un double récital de prestidigitation et de musique, aussi dense que brillant; mais – surtout – ils interprètent l’étrange rencontre amoureuse de Mademoiselle Roux et de son fantôme.
Le vrai charme de cette rencontre entre une claveciniste et un magicien, c’est précisément qu’ils n’aient recours, une heure et quart durant, qu’à leur seul art pour dialoguer. En posant d’emblée qu’aucune parole ne serait proférée, afin que chacun d’eux – et le public – puisse se focaliser sur la pratique dans laquelle ils excellent, nous nous sommes obligés à ce que chaque proposition auditive ou visuelle soit absolument nécessaire. Nous devons constamment nous demander tous trois en quoi l’oeuvre interprétée ou le tour exécuté affinent la découverte que chacun des personnages entreprend de l’autre ; et, donc, nous interroger sur la valeur poétique et sensible de chaque «numéro » de ce dialogue étrange.
En conséquence, le programme choisi par Carmelo Cacciato ne relève pas d’une magie de music-hall, souvent plus «bluffante » qu’enchanteresse : tout stupéfiants qu’ils soient, les tours retenus – fortement inspirés par l’art de Robert Houdin – touchent d’abord par leur grâce, leur fantaisie et leur inventivité. Armelle Roux, de son côté, donne à découvrir un choix d’oeuvres peu connues, dues à des compositeurs précisément contemporains du véritable Cagliostro et qui, frappant probablement l’oreille et la sensibilité de l’auditeur pour la première fois, sans référence immédiate à d’autres interprétations, touchent en tant que telles, et non pas à travers le filtre des références.
Le clavecin est au départ le seul élément à se détacher d’un cadre noir. Monté sur un plateau tournant, il modulera l’espace en fonction des diverses faces sous lesquelles il se présentera. La présence de la claveciniste, puis celle du magicien costume simple et contemporain pour l’une, vêtement ample et chamarré pour l’autre – nourriront l’image. Les objets magiques l’habilleront un peu plus chaque fois, jusqu’à ce que… surprise !
Biographie d'Armelle Roux, ici
Carmelo Cacciato est un homme de scène, au costume et au chapeau légendaires qui se produit souvent en one man show. Au théâtre comme au cinéma il apporte la marque de sa sensibilité et de son univers, si particuliers. Il reçoit un Premier Prix au festival du Mans et le Premier Prix de la critique au festival de Mimos. Carmelo est aussi présent sur le petit écran. Il excelle dans la conception et mise en scène d’effets spéciaux.
Principaux spectacles : Il Cerchio Magico, L’illusionniste de Sacha Guitry, La Comédie Magique, Les Escamoteurs,
En avant la Mémoire, Money money, Le Carnaval des Animaux
Réalisateur d'objets de magie (Le Miroir de Cagliostro etc. ), est un ancien élève de Jacques Monestier. C’est un bricoleur de génie,
un touche à tout enthousiaste capable de restaurer une harpe destroy ou d’imaginer un automate magicien. D’ailleurs Jean-François est un magicien. Dans son atelier, véritable
caverne, il imagine, conçoit, fabrique, arrange, répare, restaure les instruments anciens (harpes, soubassophone et autres vieux phones, etc.) et automates anciens avec musique
mécanique.
Vincent Tavernier a réalisé plus de cent productions, pour les scènes et dans les genres les plus variés. Au théâtre, il a prouvé sa prédilection pour le théâtre baroque, et plus particulièrement Molière dont il a monté dix comédies et comédies-ballets. De très nombreuses réalisations scéniques, dont plusieurs créations contemporaines, illustrent son goût pour l’opéra et le théâtre musical. Il a ainsi collaboré entre autres avec Hervé Niquet, Nicolas Chalvain, Hugo Reyne, Paul Agnew, Benjamin Lévy, François Lazarévitch, Claire Marchand, Jérôme Corréas, ou Toni Ramon avec la Maîtrise de Radio-France.
Créateur en 1989 des Malins Plaisirs à Montreuilsur- mer, Vincent Tavernier y a développé une programmation consacrée à l’opéra, au théâtre et à la musique dans le goût français. La Compagnie produit et diffuse ses mises en scène, et développe un festival d’été (Les Malins Plaisirs) et un festival d’hiver au Touquet (Les Nuits baroques, dont la programmation parcourt les influences européennes sur les arts de la scène aux XVIIe et XVIIIe siècles). Il a par ailleurs répondu à plusieurs commandes de livrets et adaptations, et s’est régulièrement produit en tant que récitant. Il développe une collaboration artistique plus spécifique avec la chorégraphe baroque Marie-Geneviève Massé. Commencée par Don Quichotte chez la Duchesse de Boismortier, elle s’est poursuivie avec Les Fâcheux de Molière et L’Amour médecin de Molière et Jean-Baptiste Lully, Le Ballet de l’Amour malade et Le Ballet des Arts de Jean-Baptiste Lully. En 2011, il réalise avec Les Malins Plaisirs la comédie-ballet Monsieur de Pourceaugnac de Molière et Lully aux Nuits baroques du Touquet (direction musicale de François Lazarévitch, chorégraphie de Marie-Geneviève Massé). Le spectacle tourne depuis en France – Opéras de Reims, Atelier Lyrique de Tourcoing, Opéra de Rennes, Opéra de Massy, etc. – et poursuivra sa carrière encore jusqu’en 2015. Il met ensuite en scène La Belle Hélène de Jacques Offenbach pour les opéras suisses de Bienne et Soleure – reprise en novembre 2012 à l’Opéra de Rennes puis en tournée. Toujours en 2012, il réalise Le Roman de Renart, opéra d’enfants de Coralie Fayolle (direction musicale de Claude Marchand). L’Opéra de Rennes le sollicite pour La Princesse jaune de Camille Saint-Saëns. Avec Marie-Geneviève Massé, il réalise Renaud et Armide puis Jason et Médée à l’Opéra Royal de Versailles et l’Opéra-Comique, puis, en février 2013, il participe à la production de Dà sola, la nouvelle création de l’Éventail. Pour l’Opéra d’Avignon et l’Opéra royal de Versailles, il met en scène en mai 2014 Tancrède d’André Campra (direction musicale d’Olivier Schneebeli, chorégraphie de François Denieau).
Avec Les Malins Plaisirs, il réalise depuis l’été 2012 Le Médecin volant de Molière, Les Comédies en proverbes de Louis de Carmontelle, Les Fourberies de Scapin de Molière et La Foire Saint-Germain de Jean-François Regnard. Il reprend en tournée Arlequin poli par l’amour de Marivaux et Monsieur de Pourceaugnac de Molière. Il mettra en scène en 2015 La Jalousie du Barbouillé de Molière, Le Guitarrero d’Halévy pour les Frivolités Parisiennes et enfin, Le Miroir de Cagliostro.
"Sombre et clair, magique et sacré, oh miroir ! Mon beau miroir, quelle image nous renvois-tu? Celle trop flatteuse ou déformée que suscite un reflet trompeur ? Souhaites-tu nous dévoiler une vérité cachée qui nous révélerait à nous-mêmes ? Serais-tu la porte secrète et mystérieuse qu’il nous faut franchir pour pénétrer dans un autre monde, pour traverser le temps et l’espace, pour accéder à l’univers merveilleux d’une enfance retrouvée où règnent la fantaisie et le plaisir, où la musique qui naît sous les doigts agiles d’une claveciniste inspirée, dialogue en harmonies subtiles avec les surprises poétiques produites par les sortilèges d’un fabuleux magicien?"
Patrick Lhotellier
Directeur du Festival Baroque de Pontoise
Durée du spectacle:
1 h 10 (version de 50 minutes pour les scolaires)
Effectif :
4 personnes (claveciniste, magicien, metteur en scène, régisseur)
Temps de montage:
un service décor et lumière le matin (ou la veille en cas de représentation
l’après-midi), une heure pour l’accord du clavecin. 2 techniciens sur place
Temps de démontage:
une heure avec deux techniciens sur place
Fiche technique et plan de feu:
en cours d’élaboration
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Coproducteurs :
Festival baroque de Pontoise
Direction Patrick Lhotellier
JMFrance
Direction Vincent Niqueux
Retrouvez l'interview d'Armelle Roux et Carmelo Cacciato réalisée par classicagenda.fr, ici
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